Jardiner à plusieurs donne la forme (pas les formes)
Au milieu sur la photo
Jill LITT est chercheuse épistémologue à l’université du Colorado. Elle travaille sur le lien entre l’agriculture urbaine et la santé, sur son impact et sur le bien-être. Elle est intervenue lors du colloque organisé à Grenoble par l’IUGA*, le 14 et 15 mars 2019 : "L’agriculture urbaine, quelle place dans le système alimentaire des villes, et a présenté les résultats de ces travaux". Une thématique bien en lien avec l’agriculture sociale et thérapeutique...
Cette chercheuse est actuellement en résidence à Barcelone. La question de l’épidémie d’obésité est ce qui a sous-tendu son travail. Si l’obésité est un phénomène mondial, les Etats-Unis sont le pays le plus touché. Il existe donc beaucoup de financements pour mener des recherches dans ce domaine.
Jill Litt est partie du constat que les trois éléments principaux qui influent sur l’obésité sont : ce qu’on mange, l’activité physique (80% des Américains n’ont pas d’activité physique) et le lien social (le sentiment de solitude accroit le risque de mort prématurée de 26%). Si on pouvait changer ces 3 facteurs, il y aurait donc une amélioration considérable de la santé. On a remarqué, par exemple, que le jardinage retardait la prise de poids liée à l’âge. Elle a donc orienté ses recherches sur les jardins collectifs (familiaux ou partagés) dans la ville de à Denvers où il en existe plus de 60.
Comment le fait de participer à un jardin collectif peut-il améliorer sa santé ?
Pour approfondir ses recherches elle a étudié trois types de publics : des jardiniers de jardins privés, des jardiniers de jardins collectifs et des non jardiniers. "Nous voulions comprendre les éléments qui pouvaient changer les comportements en terme d’habitudes alimentaires", a t-elle expliqué.
Une des premières choses importantes qui est ressortie de son enquête : l’attachement émotionnelle à son quartier est en lien avec sa capacité à changer son mode de vie. Ceux qui participent à un jardin collectif ont un plus grand attachement à leur quartier.
Deuxième résultat obtenu : Les jardiniers de jardins collectifs perçoivent davantage l’aspect qualitatif de leur environnement (l’odeur, l’esthétique...).
Troisième résultat obtenu : les jardiniers de jardins collectifs consomment plus de fruits et de légumes que les 2 autres catégories. Il semble qu’il y ait une amplification, une émulation entre les jardiniers de jardins collectifs : on s’échange des recettes, des plants de légumes...
Cette enquête a débouché sur une nouvelle question : est-ce que la façon de manger peut changer en fonction de la manière dont on vit avec les autres ? Jill Litt poursuit donc ses travaux et prend rendez-vous pour nous présenter les résultats qu’elle aura obtenu dans 4 ans.
*Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine